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était parfaite dans cette riche robe de velours noir, contrastant si bien avec la blancheur marmoréenne de son cou, de ses épaules, de ses bras, n’ayant pour tout ornement qu’une fleur naturelle reposant avec coquetterie sur son sein. Il y avait tant de grâce, de charme, de poésie dans cette petite personne qu’il était difficile de la voir sans se sentir attirer vers elle.

La jeune femme jeta un long et triste regard dans son miroir ; toute trace de larmes avait disparu de ses beaux yeux, l’on ne lisait plus sur cette figure enfantine qu’un peu de mélancolie ajoutant un nouvel attrait à sa beauté.

— Allons, dit-elle, encore un soir à jouer la comédie et demain tout pour moi sera fini.

Elle poussa un profond soupir, puis d’un mouvement nerveux saisit sa sortie de bal, la jeta sur ses épaules, d’une légère gaze rose couvrit ses blonds cheveux et se dirigea au dehors sa voiture l’attendait pour la conduire chez le duc de Saint-Maur.

Le bal était dans toute son animation quand Mlle de Soulanges y fit son entrée ; en l’apercevant plusieurs jeunes gens se détachèrent des groupes qu’ils formaient et l’entourèrent. Elle était gaie, souriante, ayant pour chacun un mot aimable, plus d’une femme la voyant ainsi recherchée, admirée, murmura tout bas :

— Comme elle est heureuse.