Page:Bibaud - Lionel Duvernoy, 1912.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Noémie



— Georges, l’avez-vous vue, cette petite femme avec ses grands yeux bleus et sa toilette plus bleue encore ? Je crois qu’elle était la belle hier au bal.

— Je le crois bien, Louis, il n’était pas difficile d’être la belle hier. Peste ! Je ne me suis jamais rencontré au milieu d’un groupe de femmes aussi laides. J’en ai mal dormi ; encore deux soirées comme celle-là, et je suis dégoûté à tout jamais du monde fashionable. Mon cher, si c’est ainsi que vous croyez me guérir de mes ennuis, vous faites fausse route, il aurait mieux valu me laisser enseveli dans mon vieux manoir de Bretagne.

— Georges, vous n’avez pas de logique, s’enterrer à vingt-sept ans, renoncer à tous les plaisirs, et pourquoi ? Je voudrais bien le savoir, uniquement parce qu’il vous passe des chimères par la tête, devenir pessimiste quand