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banc d’osier, timide et tremblante à mon approche ; elle n’avait osé se lever, mais me tendant la main elle murmura bien bas, tandis que son doux regard s’abaissait vers le sol pour voiler une larme :

— Gaston, pardonnez-moi.

Lui pardonner ! qu’avais-je à lui pardonner ? de m’avoir fait connaître une vie toute nouvelle ? de m’avoir révélé un bonheur qui sans elle aurait toujours été pour moi un mystère ?

N’était-ce pas à moi de lui demander pardon de l’avoir méconnue à ce point, de l’avoir fuie lorsque j’aurais dû le premier aller rendre hommage à tant d’esprit, de talents, de qualités réunis ? Aussi, vous concevez avec quelle humilité je m’accusai de tous mes torts, en lui demandant de ne pas me hair, d’avoir pitié de celui qui désormais ne pouvait plus vivre sans elle. Son silence, son trouble, son émotion, me montrèrent assez, tout ce que je devais espérer. Pour la première fois son regard rencontra le mien, je demeurai fasciné sous le charme de ses deux grands yeux noirs. Alors je sentis une main se poser sur mon épaule et une voix qui me fit tressaillir prononça ces paroles :

— Ah ! Gaston, je vous l’avais bien dit qu’il fallait vous départir de vos travers.