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lettre. Venez donc demain soir à la demeure de Madame M., qui se trouve sur la grande route vous la connaissez bien ; je serai seule au jardin et vous attendrai.

« Ne frappez pas, ouvrez tout simplement la barrière venez me trouver au fond de l’allée principale, où il y a un berceau.

« Adieu, Gaston, je tremble en vous accordant cette faveur. Qu’allez-vous penser de moi.

« LAURE. »

Edgard, vous concevez ce que j’ai éprouvé après cette lecture. Qui peut-elle être ? Elle me donne rendez-vous chez Madame M…, une personne fort âgée, passant de beaucoup la soixantaine. Veuve depuis de longues années, vivant seule avec quelques anciens domestiques, ne me connaissant nullement, cette femme ne peut avoir conspiré contre moi, ni même permettre que l’on se serve de sa demeure pour se moquer d’un homme qui ne lui a jamais rien fait.

Donc, je ne crains plus les railleurs, je vais aller d’un pas assuré au lieu qu’on me désigne ; mais je me sens une anxiété mortelle, je brûle de connaître la réalité.

Dans deux heures je saurais tout. Les vœux les plus ardents que je fais c’est de n’être plus à la peine d’envier les Chinois. Si vous étiez à