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femme ne peut entièrement fermer son cœur, lorsqu’il est dicté avec cette éloquence, cette persuasion dont vous possédez le secret ?

« Ah ! monsieur P., vous connaissez tout l’empire que vous pouvez avoir lorsque vous le voulez, vous n’avez rien épargné ! Méchant, pourquoi m’avoir traitée sans pitié ? Mais puis-je vous faire des reproches, n’ai-je pas commis la première faute ? Désormais je n’ai plus qu’à souffrir en silence. Qu’allez-vous dire en ouvrant cette lettre ? Je n’ose y songer. Si vous alliez cesser de m’écrire ! Mais non, non c’est impossible. Rassurez-moi bien vite par votre réponse. Vos épitres seules, maintenant, ont le pouvoir de captiver toute mon attention. Les romans, mes favoris autrefois n’ont plus d’intérêt pour moi. Que sont ces lectures, en comparaison de tout ce que vous me dites ? Ne savez-vous pas mieux que personne rendre les sentiments de l’âme, nous transporter dans les lieux, décrits avec tant de précision, nous éblouir par le tableau des endroits délicieux où vous avez passé, dont vous nous donnez pour ainsi dire le panorama par une définition qui n’omet ni n’oublie ?

« Voilà pourquoi contre tant d’éloquence je suis demeurée sans force pour vous cacher mon secret. Je viens de tout vous avouer, en commençant cette lettre j’avais la ferme résolution de ne vous laisser rien savoir. Oh ! je