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beau ! Où avez-vous appris tout cela ? vous êtes si jeune. Il me semble qu’il faut bien de l’expérience, avoir vécu, avoir souffert pour rendre ainsi.

— Peut-être, monsieur, mais il y a des choses que l’on conçoit sans les avoir apprises, des choses qui nous font pleurer sans les avoir souffertes, des joies que l’on rêve sans les avoir éprouvées. Le plus petit incident parfois fait vibrer la lyre de nos nerfs, nous pauvres femmes, susceptibles aux moindres émotions. Mais vous allez rire de ma réponse, peu d’hommes nous pardonnent de nous laisser ainsi dominer par les impressions du moment, sans nous classer dans la catégories des exaltées.

— C’est là où l’on a tort, mademoiselle, reprit Lionel, moi je vous comprends ayant trop longtemps souffert du faux jugement des hommes. Je vous admire de ne pas penser comme tout le monde.

La jeune fille le regarda, avec surprise, étonnement, une expression de joie indicible remplit son regard d’une beauté incomparable, il y avait dans ses yeux tout un océan de tendresse et d’amour ; elle tremblait, inconsciente ; elle mit sa main dans la sienne tandis qu’une voie de l’âme partant de son cœur à ses lèvres murmurait, C’est lui, à la minute où Lionel s’écriait : C’est elle !!!