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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

de temps s’est écoulé depuis que ces événements se sont passés, vous reconnaîtriez les personnages, il ne faut pas les dévoiler puisqu’ils sont malheureux aujourd’hui et que nous ne pouvons remédier aux choses.

— Qui sait ?

— N’importe, je leur garde l’anonyme. J’appellerai l’héroïne Laure, le héros Alain. Donc Laure est à sa glace jetant le dernier regard sur son nouveau costume, la moulant, la dessinant au pinceau. Un sourire de satisfaction illumine sa figure, sur ses traits un sentiment de contentement se devine ; elle est fière de sa toilette, parce qu’elle l’a confectionnée, qu’on dirait qu’elle sort de chez la première faiseuse, qu’elle semble coûter un bon prix, tandis qu’elle a déboursé très peu pour en faire l’emplette, parce qu’enfin elle est charmante ainsi vêtue. Oh ! si aujourd’hui elle rencontrait Alain, elle lui plairait peut-être. Alain est un individu auquel son imagination se plaît à donner toutes les qualités : ne lui ayant causé qu’à de rares intervalles, elle rêve cependant de lui, à leur première rencontre, elle a reçu le coup de foudre, depuis elle n’a qu’un désir ; le connaître plus intimement afin de s’assurer si elle ne se trompe pas, si vraiment, il répond à l’idéal qu’elle s’en fait ; alors combien elle se sentirait heureuse s’il éprouvait à son égard un sentiment de réelle tendresse. Laure est étrange,