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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

ment qui détruit ainsi le droit par la force est méprisable, indigne de tout respect. Le peuple du Bas-Canada ne doit compter désormais que sur son énergie pour reconquérir ce qui lui est dû. Le gouvernement anglais n’a pas le droit de faire des lois pour l’administration intérieure de cette province, une telle législation est tyrannique. Un membre éminent de la Chambre des Communes à Londres, dévoué à la cause de la liberté canadienne, s’est même écrié en présence des ministres : « Si vous prétendez consommer votre œuvre d’iniquité, c’est pour les Canadiens une obligation morale de vous résister. Si le même sang que celui des Washington, des Franklin, des Jefferson, coulait dans leurs veines, ils vous chasseraient de leur pays comme vous avez été justement chassés de vos anciennes colonies. » Il y a eu à Londres des assemblées dans lesquelles le peuple a fait écho à ces nobles sentiments, à cette bienveillante sympathie pour nos souffrances, à ces encourageants avertissements qu’il est de notre devoir, de notre intérêt de repousser la violence par la violence. Je dois le dire cependant, je crois que l’heure n’a pas encore sonné de répondre à cet appel.

Nous étions faibles parce qu’au milieu de nous, une portion nombreuse de nos concitoyens avaient le tort de croire que le gouvernement de la métropole était plus éclairé, moins