Page:Bibaud - Le secret de la marquise, Un homme d'honneur, 1906.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 100 —

Celle-ci roulera sur un autre chapitre ;
Chapitre sérieux, et peu fait pour les vers ;
Mais je dois attaquer tous les vices divers.

On a beaucoup écrit et parlé de l’envie :
Mais dans tous ses replis l’a-t-on toujours suivie ?
« L’envie est un poison, a-t-on dit, dangereux,
« Car l’arbre qui le porte est un bois cancéreux.
« L’homme envieux ressemble au reptile, à l’insecte ;
« Car tout ce qu’il atteint de son souffle, il l’infecte :
« Mais cet homme, souvent, fait son propre malheur,
« Comme en voulant tuer, souvent l’insecte meurt. »
L’envie est fort commune au pays où nous sommes ;
Elle attaque et poursuit, très souvent, nos grands hommes.

Nos grands hommes ! tu ris, orgueilleux Chérisoi,
Qui crois qu’il n’est ici nul grand homme que toi,
Ou plutôt, qui voudrais qu’on t’y crut seul habile :
Croyance ridicule et désir inutile.
On porte envie aux biens, on porte envie au rang ;
Assez souvent, l’envie a méconnu le sang ;
Elle règne souvent dans la même famille,
Et la mère, parfois, porte envie à sa fille.
Je sais, à ce sujet, un fait assez plaisant.
Ce fait-là ne fut pas forgé par Lahontan :[1]
Sans aller consulter un auteur qui radote,
Je trouve au Canada mainte et mainte anecdote.

Une famille fut, jadis, à Montréal ;

  1. Militaire et voyageur qui a écrit des Lettres, etc., sur le Canada, et qui ne jouit pas de la meilleure réputation de véracité. On fait particulièrement allusion ici à ce qu’il dit des dames de Montréal.