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un homme d’honneur

je ne sais, en vérité, de quel côté me diriger. Je suis porteur de nouvelles importantes pour Madame Daulac, vous êtes déjà, vous, monsieur, au courant de ce qui s’est passé, mais elle, la plus intéressée, ignore encore qu’un nouveau procès a été plaidé et gagné en sa faveur. Je veux être le premier à lui apprendre que ses biens vont lui être restitués.

— Je regrette, monsieur, de ne pouvoir vous obliger ; mais peut-être que le docteur Beaulieu, que voici, pourra vous renseigner mieux que moi.

Le médecin salua.

— Si vous êtes messager de bonnes nouvelles, je serai heureux de vous conduire près de ma patiente, madame Daulac, j’y vais présentement, vous monterez dans mon coupé. Ah ! monsieur, il est bien temps que l’on vienne à l’aide de cette famille. Il y a à peine un mois, tous les objets de valeur appartenant à Madame Daulac ont été vendus par autorité de justice. Jusqu’alors ayant eu son piano, elle recevait chez elle quelques élèves et parvenait ainsi à gagner, plus ou moins bien, l’existence de ses enfants, le jeune homme aidant du peu qu’il recevait chez le notaire. La petite fille, âgée de quatorze ans seulement, avait aussi voulu prendre une situation comme copiste, ce qui lui donnait, je crois, une couple de dollars par semaine. Au bout de quelque temps, l’enfant, peu habituée à un travail aussi assidu, tomba gravement malade. Ce fut un surcroît de dépenses, on n’épargna rien pour la sauver, mais les dettes montèrent, il s’en suivit ce qui arrive inévitablement dans un pays comme le nôtre. Les personnes honnêtes que la fatalité a fait tomber