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le secret de la marquise

bitement enlevée. Vous me crûtes, ma fille devint la vôtre, vous l’avez élevée comme telle, vous l’avez aimée, aujourd’hui elle est une femme accomplie. Me pardonnez-vous de vous avoir trompée, d’avoir désiré pour mon enfant une position meilleure que celle que je pouvais lui donner ? »

Madame de Montreuil la regardait avec stupeur, sans trop savoir si elle ne rêvait pas. Tout ce qu’elle venait d’entendre était si imprévu. Enfin elle prononça ces mots : « Marie, ce que vous venez de me dire est-il bien vrai ?

— Madame, bientôt je paraîtrai devant Dieu ; ce n’est pas le moment de tromper.

— Oh ! alors mon fils peut donc encore être heureux, il peut aimer Louise. Ainsi elle deviendra ma véritable fille. Élevant ses mains jointes vers le ciel : Oh ! mon Dieu, dit-elle, je vous remercie, vous m’avez pardonnée ! »

Marie pleurait de joie ; elle allait mourir, mais mourir contente ; sa fille épouserait le fils de celle qu’elle avait toujours tant aimée ; c’était pour elle trop de bonheur, elle sentit qu’elle ne pourrait pas en jouir longtemps et pria Madame de Montreuil de rappeler Louise. La marquise obéit. Prenant la jeune fille par la main :

« Viens, mon enfant, dit-elles, viens dire adieu à celle qui t’a donné le jour, Marie est ta mère ! »

« Ma mère, fit la jeune fille, ah ! voilà donc pourquoi j’ai toujours eu pour elle tant d’amour. » Elle cacha sa tête dans le sein de la mourante.

« Ma fille chérie, dit Marie, Dieu a exaucé mes prières, je meurs contente, madame la marquise veut que tu deviennes son enfant. »

Elle ne put achever, les paroles expirèrent sur ses lèvres avec son dernier soupir. Un pâle rayon