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le secret de la marquise

d’un seul coup il pouvait mettre un terme à ses souffrances ! Pourquoi hésiter ? Qui le retenait ? Une minute encore et tout serait fini ! Oui, mais une voix lui cria en même temps : Ta mère, tu la tuerais aussi. Il remit l’arme sur la table ; alors une autre voix lui cria : Mais Louise, tu l’as perdue ! Hector sentit sa tête tourner, le sol fléchir, il s’accrocha au tapis de la table, les forces l’abandonnèrent complètement. Roulant sur le sol privé de connaissance, il entraîna dans sa chute le tapis avec tout ce qui reposait sur la table. L’arme en tombant fit feu et vint le frapper à l’épaule. Le bruit de la détonation attira les domestiques qui accoururent et trouvèrent le jeune homme baignant dans son sang. ....

Elle était partie l’âme déchirée, la marquise, pour aller au chevet de la mourante. Combien de pénibles pensées l’envahissaient, elle avait laissé derrière elle un fils au désespoir, pour se rendre près d’une femme qui toute sa vie lui avait été dévouée, et que la mort allait bientôt glacer. Le passé de la marquise se déroulait devant ses yeux ; elle revoyait ses heures écoulées près de celui qu’elle avait tant aimé ; puis les heures de la séparation, les heures de l’épreuve, le moment si cruel où Marie avait reçu son enfant premier né. Oh ! que d’horribles souffrances lui faisaient aujourd’hui éprouver Cette maternité. Cette femme aimante, à l’âme si impressionnable, ressentait doublement le chagrin de ses enfants, elle aurait voulu mourir pour pouvoir leur rendre le bonheur. Hélas ! elle était impuissante ; tout son amour ne pouvait rien, sans cesse elle aurait devant les yeux le malheur qu’elle avait fait !