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le secret de la marquise

la douleur qui me frappe est bien grande ; mais pour vous je saurai la supporter. »

En ce moment on frappa à la porte, la marquise se releva précipitamment, baisa la main de son fils et alla ouvrir. C’était un domestique qui lui apportait une lettre. Elle venait de Louise et contenait ces mots :

« Ma chère tante,

« Venez vite ici, Marie n’a plus que quelques heures à vivre, elle veut vous voir de suite. Elle dit qu’elle a une confidence à vous faire, qu’il faut que vous l’entendiez, qu’elle ne pourra mourir en paix si vous ne venez. Hélas ! je crois qu’elle a raison, de minute en minute la vie s’affaiblit chez elle. Pauvre Marie, combien mon cœur saigne à la pensée de la perdre.

LOUISE. »

— J’y vais, dit Madame de Montreuil ; Hector, veux-tu m’accompagner ?

— Où ? demanda-t-il.

— Chez Marie, elle se meurt et me fait appeler.

— Louise est là, repris le marquis ; non, ma mère, je ne puis la revoir à présent ; allez chez la pauvre femme et permettez que je me retire, je sens que j’ai besoin d’être seul afin de pouvoir remettre le calme dans mon esprit. »

Se dirigeant lentement vers la porte, il sortit. Alors un changement complet s’opéra sur tous ses traits. Le courage déployé pour paraître calme devant sa mère l’abandonna pour faire place à un désespoir terrible ; un chaos immense s’ouvrait devant lui, la vie où il allait désormais poser ses pas ne serait qu’un aride désert. Louise qu’il adorait, qui l’aimait, il n’avait plus le droit d’y songer ; cette enfant, dont il connais-