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le secret de la marquise

— Hélas, je n’ai que trop retardé. Ecoute encore la fin de mon histoire. »

« Le marquis, comme il me l’avait dit, partit quelques jours plus tard, après m’avoir juré de revenir aussitôt que possible pour m’épouser. Nous avions décidé qu’à son retour il m’enlèverait pour aller nous marier en Italie. Combien notre séparation fut cruelle, combien l’absence fut longue, elle dura toute une année durant laquelle je devins mère. Je n’avais personne au monde à qui confier mon malheur. Marie fut encore la seule qui connut mon secret. Elle était mariée alors, elle me promit de garder mon enfant chez elle, de la faire passer pour la sienne. Chose étrange, nous mîmes au monde, le même jour, chacune une petite fille.

Hector était devenu tremblant, la vérité se faisait jour à travers son cerveau en délire. La marquise continua :

— Ton père revint sur ces entrefaites. J’étais à peine remise d’une longue maladie que nous partions tous deux en cachette pour Rome. C’est là que nous reçûmes la bénédiction nuptiale, c’est là Hector, que tu es né, dix-huit mois après la naissance de ta sœur. Louise est ton aînée, Louise est ma fille !

Hector l’avait dit, il avait du courage. En voyant les souffrances de sa mère, il eut la force de lui cacher les siennes, mais il devint d’une pâleur livide. La marquise s’était jetée à genoux.

— Mon fils, me pardonnes-tu, lui dit-elle à travers ses larmes.

— Vous êtes toute pardonnée, ma mère, vous avez eu de grands chagrins, ce n’est pas moi qui voudrais jamais en ajouter aucun. Certainement