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le secret de la marquise

— Ma petite chérie, dit-il, comme toutes les femmes, tu es un peu curieuse ; mais il y a des curiosités qu’il est mieux de ne pas satisfaire ; ne pensons plus à un passé qui nous a tous deux fait souffrir, ne te souviens que d’une chose, chère amie, c’est que je t’aime bien tendrement, que s’il fallait te quitter, je préférerais la mort !

— Mais nous ne nous quitterons pas, Hector, qui pourrait nous séparer ? »

Elle leva sur lui des regards inquisiteurs.

— Rien, fit-il comme se parlant à lui-même, la mort seule pourrait nous séparer !

C’était en passant ainsi presque toutes les heures du jour ensemble, à échanger leurs sentiments, à s’entretenir des leurs espérances futures, qu’ils en étaient venus à se sentir indispensables l’un à l’autre. Si parfois les inquiétudes que paraissait éprouver la marquise jetaient un peu de froid sur le bonheur d’Hector, il se disait : Avec le temps tout se terminera bien, ma mère s’habituera à la pensée de mon union avec Louise. Les femmes se font souvent des mondes de rien ; qui sait, les oppositions qu’elle a à me faire sont peut-être dictées par des craintes chimériques, la tendresse maternelle s’effraie si vite.

Voilà comment ils en étaient arrivés tous trois au moment où nous les retrouvons pour la première fois. La marquise avec ses tourments, les jeunes gens avec leurs espérances.

Un soir que Louise était partie pour aller passer la nuit chez Marie, Madame de Montreuil fit appeler son fils auprès d’elle. Hector entra, un peu pâle, dans la chambre de sa mère, il avait compris que c’était le moment des aveux.