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le secret de la marquise

Hector, enivré du bonheur d’être aimé, retardait lui aussi l’instant des confidences. Sans s’être rien dit, la mère et le fils évitaient de se trouver seuls. C’est ainsi que le temps s’écoulait. Un jour après avoir fait une longue course ensemble dans la campagne, Hector et Louise, un peu fatigués, vinrent s’asseoir sur une pierre au pied d’un grand chêne. La nature était belle, le soleil dans toute sa force bridait de ses rayons les immenses champs de blé qui se déroulaient devant eux. C’était une vraie journée d’été, dans l’air pas un souffle. Les petits oiseaux, accablés par la chaleur, blottis sous le feuillage, se sentaient même trop paresseux pour faire vibrer aucun son. Le murmure d’un ruisseau, coulant non loin, venait seul rompre la quiétude de cet endroit. Le ciel était d’un bleu parfait, mille parfums de fleurs se répandaient dans l’atmosphère. Louise sur qui les beautés de la nature faisaient une grande impression se sentait charmée ; après quelques minutes d’une muette admiration, elle se retourna vers le marquis et lui dit :

— Que je me sens heureuse, Hector, ici près de toi sous ce beau ciel, je ne désire rien de plus en ce monde.

Le jeune homme pressa la main de la jeune fille, la porta à ses lèvres.

— Louise, nous serons toujours heureux ainsi, car nous nous aimerons toujours.

— Dis-moi, fit Louise, pourquoi es-tu resté si longtemps sans m’avouer que tu m’aimais, puisque tu avais deviné mon amour ? qui pouvait retenir tes aveux ?

Cette question fit passer un nuage sur le front du jeune homme.