ce gouverneur fit passer sur la rive droite du St-Laurent, se joignit à quelques compagnies de volontaires canadiens commandés par de Beaujeu, et leur active vigilance surprit en effet plusieurs convois américains. » J. P. Saveuse de Beaujeu fut sommé au Conseil législatif par le roi en 1829, sur recommandation de sir James Kempt. L’honorable George René Saveuse de Beaujeu, son fils, aussi membre du conseil, seigneur de Soulanges et de la Nouvelle-Longueuil, propriétaire de plusieurs townships, succéda au dernier comte de Beaujeu, mort à Paris en 1846.
Bedard, famille canadienne fertile en hommes de talents, a fourni deux juges, un supérieur du séminaire de Québec, et un membre distingué de la communauté de St-Sulpice. Pierre Bedard, célèbre patriote, né à Québec en 1763, s’opposa en 1790 au projet de changement de la tenure des terres. Il entra au barreau quand les Canadiens, d’abord proscrits dans leur propre pays, purent y être admis, et fut élu membre du premier parlement canadien en 1792. Devenu chef de l’opposition sous le gouvernement de Craig, il fut un des fondateurs de la gazette publiée sous le nom de Canadien, et dont l’apparition jeta l’alarme dans le parti anglais. Il y répandit des connaissances constitutionnelles considérables pour l’époque, et donna le premier l’idée d’appliquer à la colonie le principe du gouvernement responsable. D’ailleurs il remplit ou laissa remplir sa gazette d’écrits violents, de sarcasmes et d’épigrammes dirigés contre le peu endurant général et ses créatures. Elle fut saisie illégalement le 17 mars 1810, et Bedard incarcéré en vertu d’un ordre signé par trois membres de l’exécutif. On sait qu’il demanda constamment et sans crainte son procès, et qu’il résista longtemps aux séductions de Craig, qui finit par s’en trouver embarrassé, et qui voulut l’élargir sans passer par les formes de la justice. Ce tyran lui envoya son frère, curé de St-Joachim ; mais Bedard répondit, par écrit, que s’il pouvait être convaincu de faute par homme au monde, il en ferait l’aveu ; mais que n’étant point convaincu, il n’avait qu’à se résigner à son sort. Ce patriote fit preuve en cette occasion d’une grandeur d’âme peu commune ; mais le gouvernement finit néanmoins par le gagner en le nommant juge résident des Trois-Rivières. Devenu dès lors impopulaire, il fut accusé, mais sans succès, de hauts crimes et délits dans l’exercice de la magistrature, par cette