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colonie, en 1755, par son dévouement héroïque auprès des pestiférés. Dans la dernière campagne de Montcalm, les ravages du bombardement, qui abattirent la cathédrale et son palais, l’obligèrent de se réfugier au séminaire de Montréal, où toutes les autorités se rendaient d’ailleurs. Il émana en cette occasion un mandement plein d’onction et de patriotisme. Il mourut dans les bras des Sulpiciens le 8 juin 1760, et fut inhumé le 19, dans l’église paroissiale. L’abbé Jolivet prononça son oraison funèbre. La translation de ses restes dans la grande église paroissiale d’aujourd’hui a été faite, il y a déjà nombre d’années, par les évêques de Telmesse et de Juliopolis.

Pontiac, fameux chef de guerre outaouais que le géographe Balbi appelle le plus formidable sauvage que l’on connaisse, et que Xénophane Beltrami surnomme le Spartacus moderne, commandait sa tribu à la défaite du général Braddock, en 1755. Dans une autre occasion, il secourut le Détroit menacé. Ami sincère des Français, il ne put voir d’un œil tranquille la conquête de 1760, et commença dès lors à déployer toute l’énergie de son caractère. Les lacs venaient d’être livrés au major Rogers, fameux partisan et délégué de lord Amherst. Pontiac conçut le vaste projet de réunir les tribus de l’Ouest et du Sud-Ouest dans une irruption qui devait expulser les Anglais, et, croyait-il, peut-être ramener les Français dans son voisinage. Le plan qu’il adopta suppose chez ce sauvage un génie extraordinaire et un courage de première force. C’était une attaque simultanée et soudaine contre tous les postes que les Anglais occupaient autour des tribus, aux deux extrémités du lac Ontario, au midi et à l’occident de l’Erié, autour du Michigan, sur l’Ohio, l’Ouabache et l’Illinois. On tenait sur cette immense étendue Frontenac, Pittsburg, Buffalo, Niagara, Sandusky, le Détroit, Michillimakinac, etc. La plupart de ces postes étaient des entrepôts de commerce plutôt que des forteresses ; mais ils étaient encore formidables contre des sauvages. Ils commandaient les grandes avenues aux eaux du nord et de l’ouest. Pontiac, instruit qu’il était de la géographie de ces régions, comprit que leur conquête lui ouvrirait tous les passages. Le drapeau britannique devait être abattu au même instant, et pour assurer l’ensemble nécessaire, le sachem ne se prépara qu’en secret. Il ouvrit d’abord son plan aux Outaouais et le