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arriva en 1665, est le premier qui exerça cet emploi dans ce pays.

Pendant ce temps, la colonie jouissait de la paix, et en était principalement redevable à l’influence de Garakonthié parmi les siens. Ce chef avait rassemblé encore un nombre de prisonniers français, et les avait fait partir pour Québec, escortés par trente Onnontagués. Ceux-ci furent attaqués, en route, par un parti d’Algonquins, qui les prirent, ou feignirent de les prendre pour des ennemis. Il y en eut plusieurs de tués, et les autres furent obligés de prendre la fuite. Les Français mêmes eurent bien de la peine à s’échapper, dans ce désordre. Il y avait lieu de craindre que cette malheureuse affaire n’eût des suites encore plus funestes ; mais Garakonthié parvint à faire entendre raison aux Onnontagués : tous les cantons iroquois, excepté celui d’Onneyouth, envoyèrent assurer M. de Mesy de leur disposition à vivre en paix avec les Français.

Cependant, l’accord qu’on se flattait d’avoir établi en Canada, par les changemens qu’on venait d’y faire, ne fut pas de longue durée : M. de Mesy, qui avait été nommé gouverneur, à la recommandation de l’évêque de Pétrée, comme le baron d’Avaugour avait été rappellé à sa demande, se brouilla, tout religieux qu’il était, avec ce prélat, et, suivant Charlevoix, avec la plupart des gens en place de la colonie, entr’autres les sieurs de Villeray, conseiller, et Bourdon, procureur général, qu’il fit embarquer, dit-il, sans aucune forme de justice. Pour décider avec connaissance de cause qui avait le plus de tort, du gouverneur ou de l’évêque, car nous avons peine à croire que l’un ou l’autre fût tout-à-fait exempt de blâme, dans ce dif-