Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

posés à la vue de tout le monde, l’orateur des Cantons en prit un, et le présentant au gouverneur, « Ononthio, lui dit-il, prête l’oreille à ma voix : tous les Iroquois parlent par ma bouche. Mon cœur ne connait pas de mauvais sentimens ; toutes mes intentions sont droites. Oublions nos chants de guerre ; que toutes nos chansons soient des chants d’allégresse. » Puis il se mit à chanter, en gesticulant. Le second collier remerciait le gouverneur d’avoir rendu la liberté à un Iroquois ; le troisième lui ramenait un Français. Les autres avaient rapport à la paix, dont la conclusion était le but de l’ambassade. L’un aplanissait les chemins, l’autre rendait la navigation libre ; un autre enterrait les haches de guerre. Il y en avait qui représentaient les festins qui suivraient la paix, et les visites amicales qu’on se ferait mutuellement. Le discours, ou plutôt, la pantomime dura trois heures, et la séance se termina par une espèce de fête, qui se passa en chants, en danses et en festins.

Deux jours après, M. de Montmagny répondit aux propositions des Iroquois. L’assemblée fut aussi nombreuse que la première fois, et le gouverneur fit autant de présens qu’il avait reçu de colliers. Piskaret, chef des Algonquins, et un des plus braves hommes d’entre les Sauvages, fit aussi son présent, et dit : « Voici une pierre que je mets sur la sépulture de ceux qui sont morts durant la guerre, afin qu’aucun guerrier n’aille remuer leurs os, ni ne songe à les venger. » Un chef montagnais présenta ensuite une peau d’orignal, en disant que c’était pour faire des chaussures aux députés iroquois, de peur qu’ils ne se blessassent les pieds, en s’en retournant chez eux. La séance fut terminée par