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Les alliés ne surent pas profiter de l’avantage qu’ils venaient de remporter ; et, de leur côté, les Iroquois, plus animés que jamais par l’échec qu’ils avaient reçu se promirent d’en tirer une vengeance éclatante. Mais pour ne pas s’attirer en même temps sur les bras trop de forces réunies, ils mirent tout en usage pour faire prendre aux Hurons et autres Sauvages, de l’ombrage des Français. Ils firent partir trois cents des leurs, qu’ils divisèrent par petites troupes : les Sauvages qui tombèrent entre leurs mains furent traités avec tous les raffinemens de barbarie qu’ils étaient capables d’inventer ; tandis que quelques Français, qui furent pris par eux, n’eurent aucun mal.

Quelque temps après, plusieurs partis d’Iroquois apparurent aux environs des Trois-Rivières, et tinrent en échec, pendant plusieurs mois, toutes les habitations françaises ; puis, lorsqu’on s’y attendait le moins, ils offrirent de faire la paix avec les Français, mais à condition que leurs alliés n’y seraient pas compris. M. de Montmagny monta aux Trois-Rivières, dans une barque bien armée, et envoya de là aux Iroquois le P. Ragueneau et le sieur Nicolet, pour leur demander les prisonniers français qu’ils retenaient, et savoir leurs dispositions touchant la paix. Ces députés furent bien reçus : on les fit asseoir, en qualité de médiateurs, sur une espèce de bouclier ; on leur amena ensuite les captifs liés, mais légèrement ; et aussitôt, un chef de guerre fit une harangue fort étudiée, dans laquelle il s’efforça de persuader que sa nation n’avait rien tant à cœur que de vivre en bonne intelligence avec les Français. Au milieu de son discours, il s’approcha des prisonniers, les délia, et jetta leurs liens par-dessus la pa-