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Le 21, le chevalier de Levis, désespérant de voir arriver prochainement des secours de France, et voyant son armée presque réduite aux seules troupes réglées, par la désertion du plus grand nombre des miliciens, et sur le point de manquer de vivres, se détermina à la reconduire dans le gouvernement de Montréal, à l’exception d’un corps d’environ 1,800 hommes, qu’il laissa aux ordres de M. Dumas, pour occuper la Pointe aux Trembles, le fort de Jacques-Cartier et l’église de Déchambault[1].

Aussitôt après le départ des Français, le général Murray envoya un détachement, pour abattre les ouvrages qu’ils avaient élevés. Il sortit ensuite de la ville, avec ses troupes, dans l’espoir de joindre leur arrière-garde ; mais elle avait déjà passé la rivière du Cap Rouge. Le lendemain, il émana une proclamation peu différente, quant au fond, de celle du général Wolfe, mais d’ailleurs remplies d’expressions assez inconvenantes.

Dans le même temps qu’on lisait cette proclamation, qui promettait conditionnellement aux Canadiens l’ex-

  1. Le siège de Québec, quoique de courte durée, donna lieu à plusieurs traits de bravoure et de magnanimité. Nous ne citerons que le suivant : M. Dubuisson, officier canadien, ayant été blessé grièvement, se retirait du champ de bataille. Ses deux fils, l’un âgé de quatorze ans, et l’autre de quinze, servaient avec lui : ils apprennent l’accident arrivé à leur père, quittent leurs rangs, et se rendent, en larmes, auprès de lui. Le père, attendri d’abord, les embrasse et les serre contre son cœur ; mais reprenant bientôt plus de force et de courage, « Allez, mes enfans, leur dit-il, avec autorité, retournez à votre poste : vous avez satisfait à la nature ; votre devoir et l’honneur vous appellent à la tranchée. » Et ils retournent au combat.