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heures du matin, pour la faire marcher, en même temps, aux Anglais, qu’il se proposait d’attaquer incessamment. Ayant reconnu leur position, il ordonna à M. de la Pause de faire avancer l’armée, pour qu’elle pût se former ; mais voyant les Anglais se renforcer, et occuper tous les endroits accessibles, et ne pouvant faire déboucher son armée qu’à travers des bois marécageux, ni la former ensuite que sous le feu de leur artillerie et de leur mousqueterie, il résolut d’attendre la nuit, pour avancer, et les tourner, par leur gauche.

Le détachement anglais de Sainte-Foy eût été tourné, en effet, et très probablement taillé en pièces, sans un incident des plus singuliers. Un canonnier français étant tombé à l’eau, en voulant sortir de sa chaloupe, vis-à-vis de Saint-Augustin, un glaçon se rencontra sous sa main : il y grimpa, et se laissa aller au gré du flot. Il fut porté ainsi jusqu’auprès de l’île d’Orléans, et ramené devant Québec par le reflux. La sentinelle ayant apperçu un homme sur un glaçon, cria au secours. On court au malheureux, et on le trouve sans mouvement. Son uniforme l’ayant fait reconnaître pour un soldat français, on se détermine à le porter chez le gouverneur, où la force des liqueurs spiritueuses le rappelle, un moment, à la vie ; et il recouvre assez de voix pour dire que l’armée du chevalier de Levis est aux portes de la ville. Le général Murray expédia à la garde avancée l’ordre de rentrer dans la place, en toute diligence ; ce qu’elle fit, après avoir brûlé l’église de Sainte-Foy, où il y avait un dépôt d’armes.

Dès que le feu fut apperçu, les gardes avancées, les grenadiers et la cavalerie eurent ordre de marcher en avant. Le corps d’armée suivit les avant-gardes, mais