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Le manque de vivres fut cause qu’on ne put se mettre en marche que le lendemain, 18. Le même jour, le chevalier de Laroche-Beaucourt entra dans la ville, avec cent chevaux portant des sacs de buiscuits, et annonça que l’on était en marche pour secourir la place, à quelque prix que ce fût. L’armée arriva, le soir, à la Pointe aux Trembles, et le détachement de Bougainville, qui faisait alors l’avant-garde, à la rivière du Cap-Rouge. Le 19, l’avant-garde se porta sur la rivière Saint-Charles, et le corps de l’armée à Lorette. En arrivant sur la rivière Saint-Charles, M. de Bougainville apprit que, par une précipitation inconcevable, pour ne pas dire, par une insigne lâcheté, le commandant de Québec avait capitulé, malgré les espérances certaines d’un secours prochain, qu’on lui avait données, et avant, dit un historien anglais, qu’il y eût une seule batterie de dressée contre la place. Eh ! qu’obtenait-on, par cette capitulation ? des choses qu’on n’est plus dans l’habitude de perdre par les évènemens de la guerre, telles que l’exercice de sa religion, la conservation de ses biens, la liberté personnelle.

Il est vrai que les habitans de Québec, dont plusieurs avaient déjà cruellement souffert du bombardement de la ville, avaient bien sujet d’appréhender les suites d’un siège ; aussi M. Smith prétend-il que ce furent eux, qui, par leurs instances et leurs représentations, forcèrent, en quelque sorte, M. de Ramsay à se tant hâter de capituler. Il est vrai aussi, qu’en retraitant précipitamment, jusqu’à Jacques-Cartier, M. de Vaudreuil n’avait pas agi de manière à inspirer beaucoup de courage et de fermeté à la garnison et au commandant de Québec ; mais ce commandant ne pa-