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mouvemens, ou s’y opposassent. Un premier détachement, composé de cent-cinquante hommes, réussit d’abord, avec quelque difficulté, à gravir la côte, après avoir délogé la garde française qui défendait, ou devait défendre le passage, mais qui se laissa surprendre, quoique la nuit ne fût pas obscure[1]. Ce détachement fut bientôt suivi d’un gros renfort, et enfin de toute l’armée, qui se forma sur les plaines appellées les Hauteurs d’Abraham. Elle se trouva en ordre de bataille, à la pointe du jour, et s’avança alors, pour prendre une position plus avantageuse, entre la ville et l’anse du Foulon.

Aussitôt que le marquis de Montcalm eut été informé du débarquement des Anglais, qu’il eût été si facile d’empêcher, s’il y eût eu des troupes pour s’y opposer, il se hâta de traverser la rivière Saint-Charles et la ville, pour venir offrir le combat au général Wolfe, laissant le marquis de Vaudreuil et le baron de Sennezergues dans le camp, avec un gros corps de Canadiens. L’armée française, ou plutôt son général, ne consultant que son ardeur, en cette occasion, ou peut-être étourdi par l’apparition de Wolfe sur les hauteurs d’Abraham, résolut de tout hasarder, malgré la disproportion des forces, et quoiqu’il ne tînt qu’à lui de combattre le général anglais, avec des forces supérieures, au moins du côté du nombre. Il ne fallait, pour cela, qu’un peu de patience et de temporisation : la garnison de Québec pouvait se renforcer, sur le champ, et la jonction de l’armée de Montcalm et du gros corps de

  1. Cette garde, ou ce piquet, était commandée par l’inepte ou indolent de Vergor, qui ne s’était pas beaucoup mieux défendu, trois ans auparavant, dans son fort de Beauséjour.