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Saint-Laurent, et remonta ce fleuve, sans accident, jusqu’à l’île d’Orléans. Les troupes de terre, commandées par le major-général Wolfe, ayant sous lui les brigadiers Monkton, Townsend et Murray, débarquèrent sur cette île, le 21 juin, et aussitôt, le commandant anglais fit répandre, parmi les Canadiens, un manifeste, portant, en substance ; « Que le roi, son maître, justement irrité de la conduite du monarque français, avait fait un armement considérable, pour humilier son orgueil, en lui enlevant les principales de ses possessions d’Amérique ; que ce n’était point aux industrieux paysans, non plus qu’à leurs femmes, à leurs enfans et à leur religion, qu’il prétendait faire la guerre ; qu’au contraire, il leur offrait sa protection, et leur promettait de les maintenir dans la possession de leurs biens, et le libre exercice de leur culte religieux, pourvu qu’ils se tinssent tranquilles, et ne prissent point part au différent qui s’était élevé entre les deux couronnes ; que la neutralité était pour eux le parti le plus sage et le plus sûr ; vu que les Anglais étaient maîtres du Saint-Laurent, et pouvaient empêcher qu’il ne leur arrivât aucun secours de France, et qu’une autre armée anglaise, sous le général Amherst, attaquerait bientôt le pays, du côté de terre ; que les cruautés exercées par les Sauvages alliés des Français sur les sujets de sa majesté britannique, l’autoriseraient à user de représailles sur les habitans du Canada ; mais qu’il espérait qu’ils ne l’obligeraient pas à en venir à des mesures violentes, en rejettant les avantages qu’il leur offrait. »

Ce manifeste ne produisit pas, pour lors, le moindre effet, sur l’esprit des Canadiens ; ils n’en furent ni moins disposés à affronter les périls, les fatigues et tous