Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bord de la rivière, afin de pouvoir s’embarquer promptement, en cas de surprise, et se dérober à l’ennemi, avant qu’il eût forcé le retranchement. Dès qu’on avait campé, des coureurs se répandaient à travers les plaines, et revenaient bientôt ; après quoi tout le monde n’endormait. Champlain leur ayant parlé du danger auquel ils s’exposaient, ils lui répondirent qu’après avoir travaillé tout le jour, il était nécessaire de se reposer pendant la nuit. Néanmoins, lorsqu’ils se crurent plus proches de l’ennemi, ils ne marchèrent plus que de nuit, et n’allumèrent plus de feu pendant le jour.

Les vallées qui séparent les montagnes qu’on apperçoit du milieu du grand lac auquel Champlain donna son nom, étaient alors peuplées d’Iroquois, et c’était là, et même au-delà, que nos guerriers avaient dessein de faire une irruption ; mais l’ennemi leur épargna une partie du chemin, car les deux partis se rencontrèrent sur le lac même. Ils gagnèrent le rivage, chacun de leur côté, et s’y retranchèrent. Alors les Algonquins envoyèrent demander aux Iroquois s’ils voulaient se battre à l’heure même ; mais ceux-ci répondirent que la nuit était trop avancée ; qu’on ne se verrait point, et qu’il valait mieux attendre le jour.

Le lendemain, dès que le jour eut paru, Champlain plaça ses deux Français et quelques Sauvages dans les bois, pour prendre les ennemis en flanc. Ceux-ci étaient au nombre de deux cents, tous gens d’élite et déterminés, qui croyaient avoir bon marché des Algonquins et des Hurons, qu’ils étaient dans l’habitude de battre, et qui n’avaient laissé voir d’abord qu’une partie de leurs forces. Les alliés fondaient leur principale