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les murs en étaient formés par de gros troncs de sapins renversés, et soutenus par des pieux extrêmement massifs. Le fossé avait de dix-huit à vingt pieds de profondeur. Ce fort, où il y avait entre quatre et cinq cents hommes, et une vingtaine de canons, était protégé par un rocher élevé, revêtu de palissades assurées par des monceaux de pierres. La garnison de cette espèce de citadelle était de 17 à 1,800 hommes, et l’on ne pouvait l’attaquer avec l’artillerie que du côté de la place, à cause des bois touffus ou des marais qui en bordaient les avenues, des autres côtés.

Après avoir disposé ses troupes comme pour commencer le siège, mais avant d’avoir ouvert la tranchée, le marquis de Montcalm envoya au colonel Monro, commandant de la place, par M. Fontbrune, son aide-de-camp, une lettre, où il le sommait de se rendre, en lui disant, qu’il arrivait avec une armée nombreuse, un train considérable d’artillerie, et un grand corps de Sauvages, dont il ne pourrait plus restreindre la fureur, si quelques uns d’eux étaient tués ; qu’il lui était inutile d’entreprendre de défendre sa place, dans l’espoir d’être renforcé, vu qu’il avait pris toutes les précautions pour qu’aucun secours ne pût lui arriver, et qu’il lui demandait une réponse immédiate et décisive. Le colonel Monro lui fit réponse, qu’il craignait peu la barbarie, et qu’il avait sous ses ordres des soldats déterminés, comme lui, à vaincre ou à périr.

Cet officier croyait avoir des forces suffisantes pour résister pendant quelque temps, et il s’attendait que le général Webb, qui était à peu de distance, avec 4,000 hommes, attaquerait Montcalm, et le contraindrait à lever le siège de son fort, où du moins parviendrait à y