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M. de Vaudreuil, il leur dit, entr’autres choses, que les Anglais étaient devenus les ennemis du grand Ononthio, leur père ; qu’ils avaient bâti, sur le terrain, de leur père, un fort qu’il avait reçu l’ordre de détruire, et qu’il ne doutait pas qu’ils ne fussent d’eux-mêmes portés à l’aider, dans cette entreprise. Ils lui répondirent qu’ils étaient déterminés à se conformer à sa volonté.

Comme l’entreprise contre le fort George exigeait, pour réussir, plus de moyens que n’en avait eus M. de Rigaud, on assembla, à Saint-Jean, où il avait été bâti un fort, en 1749, des troupes et des milices de toutes les parties de la colonie. Le transport des vivres et des munitions, qui se fit, en grande partie, par bateaux, de Montréal à Sorel, et de là à Saint-Jean, fut encore pour la plupart des employés corrompus et prévaricateurs du gouvernement, un moyen de s’enrichir par toutes sortes de fraudes et de déceptions, ou plutôt par le pillage de l’argent et des effets du roi. S’il fallait ajouter foi à tout ce que M. Smith rapporte, en cet endroit, plusieurs officiers des troupes et quelques Canadiens auraient eu part au brigandage ; mais nous aimons mieux croire qu’il y a ici erreur, ou exagération, de la part d’un écrivain dont la prévention paraît être la passion dominante, et qui, par un nombre d’avancés plus que suspects, avertit indirectement ses lecteurs d’être constamment sur leurs gardes.

Le chevalier de Levis, qui commandait à Saint-Jean, reçut, le 3 juillet, l’ordre de traverser le lac Champlain, pour aller joindre le marquis de Montcalm, à Carillon (ou Ticonderoga), où ce dernier s’était rendu, et était occupé à faire ses préparatifs, pour