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grain que de misère. Une partie de ceux de l’établissement de Miramichi, craignant d’éprouver un sort semblable, s’embarquèrent sur les vaisseaux qui leur avaient apporté des provisions, et arrivèrent à Québec, dans l’automne de 1755. On leur avait promis des terres, et l’on en donna à ceux qui en voulurent prendre.

Dans l’automne de 1756, d’autres Acadiens de Miramichi, et ceux des environs du fort de Beauséjour, qui avait été pris par les Anglais, passèrent aussi à Québec, pour être plus en sûreté, et dans l’espoir d’y trouver tout ce qui leur serait nécessaire. Ils étaient porteurs d’un mémoire, où, parlant pour eux-mêmes et pour ceux de leurs compatriotes qui étaient restés en Acadie, ils représentaient au marquis de Vaudreuil, que leur attachement à la France ne pouvait se mieux prouver que par le rejet des offres avantageuses que les Anglais leur avaient faites ; qu’ils étaient réduits à un état d’autant plus déplorable qu’ils n’y voyaient pas de terme, si le gouverneur ne venait promptement à leur secours, et ne les prenait sous sa protection ; que la cause de cet état déplorable était un attachement à la France, que les Anglais n’avaient jamais pu leur faire perdre ; qu’ils auraient cru se déshonorer, en acquiesçant à ce que les Anglais exigeaient d’eux, particulièrement dans un temps où ils étaient en guerre avec la France ; que les habitans de Beaubassin, des Mines, et autres villages, étaient ou prisonniers des Anglais, ou dispersés dans les bois ; que leur premier vœu était de se venger de leurs persécuteurs, et de redevenir, sous tous les rapports, les sujets d’un roi qui leur était devenu d’autant plus cher, qu’il avait pris soin de les protéger, et de pourvoir à leurs besoins, en