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du Sud, avec 1,500 hommes seulement et sans artillerie. Il rencontra une garde avancée de 1,000 à 1,200 hommes, sous le colonel Williams, la défit, et arriva, en la poursuivant, à la vue des retranchemens des Anglais. Au lieu de continuer à avancer sur ces retranchemens, pendant que les fuyards y arrivaient en désordre, il s’arrêta à cent-cinquante verges de distance, pour faire ses dispositions d’attaque. Il fit sa grande attaque du centre avec ses troupes régulières, pendant que les Canadiens et les Sauvages, dispersés sur les flancs, faisaient un feu de tirailleurs. La bataille devint bientôt générale sur toute la ligne : les soldats français combattirent avec un ordre et une bravoure, qui firent croire que, si leur commandant n’avait pas fait la faute de laisser la moitié de son monde à la Pointe à la Chevelure, il aurait remporté une victoire éclatante, au lieu d’essuyer une défaite signalée ; car accablées par la grande supériorité du nombre de leurs adversaires, les troupes de ligne furent obligées de faire un mouvement rétrograde, sur la droite des Anglais, et quoique renforcées par un corps de Canadiens, après quatre heures d’un combat si inégal, il ne leur fut plus possible de résister, et la retraite leur devint inévitable. Les Français la firent sans être poursuivis ; mais leur perte avait été énorme : les historiens anglais la font de sept à huit cents hommes, tandis qu’ils ne portent celle de leurs gens qu’à deux cent-quatre-vingts. Ces derniers y perdirent, entr’autres officiers, les colonels Williams et Titcombe et le major Ashley, et les Agniers, leur grand chef Hendrick. Le baron Dieskau, qui combattit avec la plus grande bravoure, fut blessé grièvement, à la jambe et à la hanche, et fait