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trincourt était déjà arrivé, sans qu’ils se fussent rencontrés.

Ayant ramené l’abondance dans son établissement, M. de Poutrincourt ne songea plus qu’à le fortifier, et Pontgravé s’y livra tout entier. Il tenait ses gens continuellement occupés ; les travaux se faisaient avec joie, parce que les vivres ne manquaient pas, et que la fertilité du pays semblait répondre que la source de cette abondance ne tarirait point. Les colons jouissaient d’une bonne santé, et les Sauvages commençaient à s’apprivoiser. Un avocat de Paris, nommé Lescarbot, qui avait eu la curiosité de voir le Nouveau-Monde, contribua à mettre et à maintenir les choses dans cet heureux état. Il animait les uns, piquait les autres d’émulation, et ne s’épargnait lui-même en rien. Tous les jours, il inventait quelque chose de nouveau pour l’utilité publique, et jamais on ne comprit mieux, remarque Charlevoix, de quelle ressource peut être, dans un nouvel établissement, un esprit cultivé par l’étude, et que le zèle de l’état engage à se servir de ses talens et de ses connaissances. Lescarbot publia, en 1609, la relation de ce qui s’était passé sous ses yeux en Acadie, et en 1612, différentes pièces de vers, qu’il dédia au chancelier de Sylleri, en le priant de considérer que si elles étaient mal peignées et rustiquement vêtues, c’était parce qu’elles avaient été composées dans un pays inculte, sauvage, hérissé de forêts et habité de peuples vagabonds.

Cependant, les ennemis de M. de Monts étaient parvenus à lui faire ôter sa commission. Il eut néanmoins le crédit de se faire rétablir pour un an dans son privilège ; mais ce fut à condition qu’il ferait un éta-