Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Corne fut envoyé dans l’Acadie continentale, afin d’y choisir un endroit convenable pour l’érection d’un fort, d’où l’on pût facilement donner appui et protection aux familles acadiennes qui voudraient se soustraire à la domination anglaise.

M. de la Corne fit d’abord choix de Chédiac, parce qu’étant près de la mer, on y devait être à portée de recevoir des secours et des approvisionnemens du Canada. Ce choix ne plut ni au gouverneur, ni aux missionnaires : ils trouvèrent que le poste serait trop éloigné des établissemens acadiens, et il fut finalement choisi un autre endroit, entre la Baie Française et la Baie Verte, comme plus capable de remplir les vues du gouvernement.

Ces démarches excitèrent les soupçons et la jalousie des Anglais : le premier bâtiment qui fut envoyé, avec des provisions, pour les forts qu’on bâtissait, fut pris par un croiseur de cette nation, quoiqu’il y eût paix entre l’Angleterre et la France ; et le major Lawrence eut ordre de lord Cornwallis, gouverneur de la Nouvelle Écosse, d’épier les mouvemens du chevalier de la Corne, de l’empêcher de prendre poste sur le territoire anglais, et finalement, de se fortifier aussi près que possible du fort que ce dernier avait eu ordre de construire. Lawrence trouva M. de la Corne campé à l’endroit nommé Beauséjour, et eut avec lui un pourparler, au sujet de cet empiètement, comme il l’appellait. La Corne l’assura que ses ordres ne lui permettaient pas de passer au-delà de la rivière de Beaubassin, et qu’il pouvait prendre poste, et se fortifier, de l’autre côté de cette rivière, s’il le jugeait à propos. En effet, Lawrence bâtit un fort vis-à-vis de celui de