Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et le plus grand nombre, combattirent la proposition du vice-amiral ; pensant qu’il n’était pas à propos de s’en retourner, sans avoir fait, au moins, quelques tentatives contre les établissemens anglais de l’Acadie, et particulièrement contre le Port-Royal. Le vice-amiral, qui était indisposé depuis quelques jours, voyant que son avis ne prévalait pas, tomba dans une espèce de délire, et se passa son épée au travers du corps.

Cet évènement fit passer le commandement à M. de la Jonquière, qui, quoiqu’âgé de plus de soixante ans, se montra plus actif et plus résolu que son prédécesseur, et releva, par-là, le courage de la flotte et de l’armée. Il fut donc décidé qu’on attaquerait le Port-Royal ; mais tandis qu’on s’y préparait, on eut nouvelle qu’une escadre, commandée par l’amiral Lestock, avait fait voile d’Angleterre pour l’Amérique. Dans la crainte d’être attaqué, M. de la Jonquière se hâta de mettre à la voile : une tempête, qui l’accueillit, près du Cap de Sable, dispersa encore le peu des vaisseaux qu’il avait sous son commandement, et le contraignit de s’en retourner, sans avoir rempli aucune des vues que son gouvernement s’était proposées, en faisant cet armement.

Loin d’être découragé par le mauvais succès de son entreprise, le gouvernement de France résolut de faire incontinent de nouveaux efforts, pour reprendre Louisbourg, et même tout ce qu’il avait perdu en Acadie. Il fit appareiller, dans le port de Brest, une escadre dont le commandement fut donné à M. de la Jonquière, qui joignait la commission de vice-amiral à celle de gouverneur général de la Nouvelle France. Cette escadre mit à la voile, au mois d’avril 1747, de