Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vait choisir, pour ce dessein, une situation plus convenable ; car, outre qu’une forteresse érigée en cet endroit donnait au gouverneur du Canada le commandement des eaux du lac Champlain, elle servait encore de poste avancé, pour tenir en échec les établissemens anglais situés sur les rivières d’Hudson et de Connecticut. C’est ce que l’on comprit parfaitement, dans les colonies anglaises voisines du Canada. Mais, quoique la Nouvelle York eût plus à appréhender de l’entreprise de M. de Beauharnois que la Nouvelle Angleterre, cette dernière province fut la première à prendre l’alarme. On n’eut pas plutôt appris, à Boston, que la nouvelle forteresse, à laquelle on donna le nom de Fort Frédéric, avait été commencée, que le gouverneur Belcher envoya une lettre à M. Van-Dam, le nouveau gouverneur de la Nouvelle York, pour l’informer que l’assemblée générale de sa province s’était engagée, par un vote, à encourir sa quote-part des frais d’une députation en Canada, à l’effet d’empêcher la continuation des ouvrages commencés à la Pointe à la Chevelure, et pour le prier de faire en sorte que les cantons iroquois s’opposassent aussi à l’entreprise des Français. M. Van-Dam mit la lettre du gouverneur de la Nouvelle Angleterre devant son conseil, dans l’hiver de 1732 ; mais ces démarches n’eurent pas de suite, et M. de Beauharnois acheva tranquillement son fort, et y mit une garnison.

Dans le printemps et l’été de 1733, la petite vérole fit de grands ravages dans ce pays, tant parmi les Français que parmi les Sauvages. Des familles entières

    en avait obtenu l’autorisation de fortifier ce qu’on regardait comme la frontière des possessions françaises.