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à porter leurs pelleteries à Albany, M. de Beauharnois crut qu’il était de son devoir de contrecarrer l’effet de cette mesure. Il envoya le baron de Longueuil chez les Onnontagués, avec ordre de faire tous ses efforts pour obtenir de ces Sauvages la permission de construire aussi un fort et un comptoir à Niagara. Les Onnontagués ne parurent pas goûter d’abord la proposition de Longueil ; mais à la fin, il parvint à leur faire comprendre qu’il était de leur intérêt que les Français eussent aussi un fort dans leur pays, afin que la partie fût égale, entre les deux nations qui les avoisinaient, et que les Anglais ne pussent tenter impunément de les asservir, ou de les opprimer, s’ils en avaient le dessein.

La permission demandée ayant été accordée, les Français mirent aussitôt la main à l’ouvrage. Mais les autres cantons n’avaient pas été consultés ; aussi déclarèrent-ils, dès qu’ils eurent appris ce qui s’était passé, que le territoire où le fort devait se bâtir appartenant aux Tsonnonthouans, la permission donnée par les Onnontagués devait être regardée comme nulle ; et ils envoyèrent incontinent aux Français une députation, pour leur enjoindre de discontinuer les ouvrages commencés. Sur cela, Longueuil, Joncaire, qui était comme l’ambassadeur du gouverneur général du Canada dans les Cantons, et les missionnaires, mirent tout en œuvre pour appaiser les craintes, ou détruire les soupçons des Sauvages : ils y réussirent, à la fin, et les ouvrages furent continués.

M. Burnet, voyant qu’il ne pouvait empêcher les Français de se fortifier à Niagara, se hâta d’achever son fort d’Oswego, et y envoya une forte garnison. M. de Beauharnois fit alors ce qu’il aurait eu meilleure