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parurent désespérer du succès, et Dubuisson eut lieu de craindre qu’ils ne se retirassent, et ne le missent à la merci d’un ennemi, envers lequel ils venaient de se montrer impitoyables. Il fallut, pour les retenir auprès de lui, qu’il les comblât de présens, et employât tout ce que la raison et l’éloquence ont de plus persuasif.

Les assiégés furent bientôt aux abois ; ils demandèrent, de nouveau, à parlementer ; mais les Sauvages furent aussi inexorables que la première fois. Ne voyant plus de ressource que dans la fuite, les Outagamis s’évadèrent, de nuit, à la faveur d’un orage, qui avait écarté les assiégeans.

On se mit, dès le matin, à leurs trousses, et on les trouva retranchés, à quatre lieues du Détroit, dans une anse du lac de Sainte-Claire. Il fallut recommencer un nouveau siège, qui dura quatre jours, et qui eut même été plus long, si Dubuisson n’y eût fait venir deux pièces de campagne. Le premier en avait duré dix-neuf. Les Outagamis se rendirent enfin à discrétion. La plupart furent impitoyablement massacrés, sur le champ : les autres furent faits esclaves et distribués entre les tribus confédérées, qui ne les gardèrent pas longtemps, mais les massacrèrent presque tous, avant de se séparer.

Ces hostilités eurent lieu, à la fin de mai, ou au commencement de juin 1712 ; mais quoique les Outagamis et leurs alliés y eussent perdu plus de 2,000 personnes, il ne se passa pas deux années entières, sans qu’ils recommençassent leurs incursions. Ils infestaient de leurs brigandages, non seulement les environs de la Baie, leur pays natal, mais presque toutes les routes qui faisaient la communication des postes éloignés avec