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de perte pour la France ni de gain pour l’Angleterre, puisque ces Sauvages s’étaient maintenus jusqu’alors, et se maintinrent encore, par la suite, dans leur indépendance.

En cédant la presqu’île de l’Acadie, appellée depuis Nouvelle-Écosse, la France s’était réservé le continent voisin, et possédait encore l’Île Royale, ou du Cap-Breton, et celle de Saint-Jean. Dès l’an 1706, M. Rodot avait envoyé à la cour de France un mémoire, où il recommandait fortement la colonisation du Cap-Breton, comme devant être du plus grand avantage à la France et au Canada, particulièrement sous le rapport du commerce : après la perte de l’Acadie et de Plaisance, on pensa sérieusement, non seulement à peupler cette île, mais encore à la fortifier. Après avoir délibéré, pendant quelque temps, sur le choix du lieu où il convenait de former le principal établissement, et hésité entre le port de Sainte-Anne et le Havre à l’Anglais, on se décida pour ce dernier, et l’on commença à y bâtir une ville, à laquelle on donna le nom de Louisbourg. M. de Costebelle, qui avait perdu le gouvernement de Plaisance, fut chargé de celui de la nouvelle colonie.

On s’était d’abord attendu à pouvoir transporter dans l’Île Royale tous les Français établis en Acadie, et même tous les Sauvages compris sous le nom d’Abénaquis, et quelques uns de ces derniers y formèrent, en effet, une bourgade ; mais les Acadiens n’y trouvant pas de quoi se dédommager de ce qu’ils possédaient dans leur pays, ne voulurent pas consentir à la transmigration. Les habitans de Plaisance, au contraire, passèrent tous à Louisbourg, et s’y trouvèrent bientôt