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le golfe et dans le fleuve Saint-Laurent, tandis que d’autres Français fesaient la traite des pelleteries avec les Sauvages, sur les côtes de la mer, sur les bords du Saint-Laurent, et particulièrement au port de Tadousac, à l’embouchure du Saguenay ; mais il s’écoula près d’un demi-siècle, avant qu’on pensât de nouveau, en France, à établir une colonie dans le Canada. Enfin, le marquis de la Roche, seigneur breton, obtint de Henri III, et ensuite de Henri IV, le titre de vice-roi, avec les mêmes pouvoirs qu’avait eus le sieur de Roberval. Il voulut aller lui-même reconnaître le pays dont il devait être, pour ainsi dire, le monarque. Il arma un vaisseau, sur lequel il s’embarqua, au printemps de l’année 1598. Il passa près de l’Île de Sable, éloignée d’environ 25 lieues de la pointe sud-est de l’île du Cap-Breton, et y débarqua quarante malheureux, qu’il avait tirés des prisons de France, et qui s’y trouvèrent bientôt plus mal à leur aise que dans leurs cachots. Il alla ensuite reconnaître les côtes du continent le plus proche, qui sont celles de l’Acadie, et après avoir pris toutes les connaissances dont il croyait avoir besoin, il remit à la voile pour s’en retourner. Arrivé en France, M. de la Roche y éprouva de grands contretemps, et mourut de chagrin, dit-on, après avoir fait pour l’établissement de sa colonie, que pourtant il ne commença même pas, de grandes et inutiles dépenses.

Le mauvais succès de l’entreprise du marquis de la Roche n’empêcha point qu’après sa mort, on ne sollicitât vivement la commission qu’il avait eue du roi. Le sieur de Pontgravé, riche négociant de St. Malo, et habile navigateur, qui avait déjà fait plusieurs voyages à Tadousac, et remonté le Saint-Laurent jusqu’aux Trois