Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

y avait, dans cette flotte, quatre vaisseaux de 60 canons, deux de 40, un de 36, et deux galiottes à bombes : le reste se composait de bâtimens de charge et de transport ; le tout sous les ordres du général Nicolson, commandant en chef de toutes les forces de la reine d’Angleterre, en Amérique. Les troupes qu’il commandait se montaient à 3,500 hommes, sans compter les matelots. M. de Subercase, qui n’avait à leur opposer que trois cents hommes, assez mal affectionnés[1], ne chercha point à empêcher le débarquement, et n’eut en vue que de sortir avec honneur d’une place, dans laquelle il prévoyait ne pouvoir pas tenir bien longtemps. Il se défendit, pendant quelques jours, contre les attaques des assiégeans, avec assez de vigueur pour leur tuer beaucoup de monde ; mais la désertion d’une partie de ses gens, et le mécontentement qui se manifesta parmi les autres, l’obligèrent à demander à capituler, plutôt qu’il ne l’aurait voulu faire. Sa garnison, qui ne consistait plus qu’en cent-cinquante hommes tout délabrés, sortit avec armes et bagages. L’artillerie, qui aurait pu être emportée, fut vendue au général anglais, pour l’acquit des dettes publiques.

M. de Subercase envoya le baron de Saint-Castin au marquis de Vaudreuil, pour lui faire connaître les articles dont il était convenu avec le général Nicolson. Ce dernier lui députa aussi M. Livingston, avec une lettre, dans laquelle il déclarait qu’il userait de représailles contre les Acadiens, si les Français et leurs alliés continuaient leurs hostilités contre

  1. Depuis trois ou quatre ans, malgré les représentations du gouverneur au ministre des colonies, le gouvernement de France laissait les habitans et les soldats mêmes, dans un dénuement presque absolu.