Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Terre-Neuve, etc. Muni de ces titres, aussi vains que pompeux, le sieur de Roberval partit, l’année suivante 1541, avec cinq vaisseaux, ayant sous lui Jacques Cartier, en qualité de premier pilote.

La navigation fut heureuse, mais au lieu de remonter le Saint-Laurent, M. de Roberval bâtit un fort près de l’embouchure de ce fleuve, sur une plage stérile et sous un climat extrêmement rigoureux. Il y laissa Cartier pour commandant, avec une forte garnison, des vivres en abondance et un de ses vaisseaux, et repartit pour aller chercher en France de plus grands secours. Mais le froid et les autres incommodités du pays eurent bientôt rebuté la garnison ; sans compter que les Sauvages en prirent ombrage et commencèrent à la molester. Cartier et ses gens crurent donc n’avoir rien de mieux à faire que de se rembarquer pour la France ; mais ils rencontrèrent, près de Terre-Neuve, M. de Roberval, qui amenait un grand renfort, et qui les obligea à rebrousser chemin. Dès qu’il eut rétabli toutes choses dans son fort, il y laissa encore Cartier, avec la meilleure partie de son monde, puis remonta le fleuve et entra dans le Saguenay. Il envoya de là un de ses pilotes, nommé Saintonges, faire des découvertes au-dessus de Terre-Neuve, et repartit de nouveau pour la France. Il y fut retenu pendant plusieurs années, fit encore un armement, en 1549, et périt, dans le voyage avec tous ceux qui l’accompagnaient. Ce malheur fut cause que, pendant longtemps, on ne songea plus, en France, à former des établissemens dans l’Amérique du Nord.

Les Bretons, les Normans et les Basques continuèrent à faire la pêche sur les bancs de Terre-Neuve, dans