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point découvert, poursuivit sa route, sur deux charrois, entra, de nuit, dans le port, aborda un vaisseau de 24 canons, chargé de morue, et s’en rendit maître, brula deux navires de deux à trois cents tonneaux, coula à fond un autre petit bâtiment, et se retira, avec sa prise, et un grand nombre de prisonniers.

Les Anglais de Terre-Neuve n’en furent pas quittes pour le dommage que leur causa cet exploit, digne de figurer dans l’histoire des flibustiers : M. de Subercase, gouverneur de Plaisance, avait formé le même dessein que son prédécesseur de Brouillan avait exécuté, en partie, c’est-à-dire, de chasser les Anglais de Terre-Neuve. La cour de France avait agréé ce projet, et M. de l’Épinay, commandant du vaisseau du roi le Wesp, avait eu ordre d’embarquer des Canadiens, à Québec, et de les conduire à Plaisance. Il en avait embarqué cent, y compris douze officiers, du nombre desquels étaient MM. de Montigny, de Villedonné, de Linctot et de Belestre ; le tout aux ordres de M. de Beaucourt. M. de Subercase reçut encore d’autres secours, et partit de Plaisance, le 15 janvier 1705, à la tête de quatre cents hommes, soldats, Canadiens, flibustiers et Sauvages, tous gens déterminés, accoutumés à affronter les rigueurs des saisons et à supporter les plus grandes fatigues. Ils prirent, chemin faisant, les postes de Rebou et du Petit-Havre, et vinrent attaquer la ville de Saint-Jean, ou plutôt, les forts qui la protégeaient. Les Anglais s’y défendirent avec une résolution qui surprit les assaillans. Le siège fut levé, au bout de quelques jours ; mais les Français ne se retirèrent qu’après avoir brulé toutes les habitations qu’il y avait autour de la place.