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à démêler avec lui : par le second, il témoignait son regret de la perte que la nation iroquoise avait faite de plusieurs chefs et d’un grand nombre de guerriers : par le troisième, il leur déclarait que le nouveau gouverneur général était sincèrement porté à la paix, et qu’il la leur accorderait volontiers, pourvu que, de leur côté, ils la voulussent aussi de bonne foi ; et il leur exposa les conditions auxquelles le gouverneur était disposé à traiter avec eux.

M. de Maricourt fit aussi un discours, où il n’oublia rien pour faire comprendre aux Iroquois tout ce qu’ils avaient à craindre du ressentiment de leur père, s’ils n’acceptaient pas la paix qu’il leur offrait, à des conditions aussi raisonnables que celles qu’on venait de leur expliquer, et ce qu’ils pouvaient espérer de lui et de tous les Français, s’ils ouvraient, une bonne fois, les yeux sur leurs véritables intérêts.

Le lendemain, comme ils délibéraient entr’eux, sur ce qu’ils répondraient aux Français, un vieil Onnontagué et un jeune Anglais arrivèrent d’Orange, et leur dirent, de la part du chevalier de Bellamont, qu’ils se donnassent bien de garde d’écouter les Français, et qu’il les attendait, dans dix ou douze jours, à Orange, où il leur ferait savoir ses volontés. Cette manière impérieuse de parler choqua le conseil : « Je ne comprends pas, dit Teganissorens, comment mon frère l’entend, de ne vouloir pas que nous écoutions la voix de notre père, et de chanter la guerre, dans un temps où tout nous invite à la paix. »

Le P. Bruyas profita de cette disposition, pour faire observer à l’assemblée que le général anglais traitait les Iroquois en sujets, et ce qu’ils auraient à souffrir d’une