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la paix se fît sans son aveu, ni à d’autres conditions que celles qui lui plairaient. De leur côté, les Iroquois paraissaient craindre, s’ils se réconciliaient de bonne foi avec les Français, de s’attirer le mécontentement, sinon les armes, de leurs anciens amis. Ils montrèrent pourtant quelque fermeté, en cette occasion, comme ils avaient déjà fait précédemment, en donnant à entendre aux Anglais, qu’ils voulaient bien être leurs alliés, mais non leurs sujets, et ils envoyèrent des députés à Montréal, pour y parler de paix. Après l’audience que leur donna le gouverneur, ces députés repartirent, accompagnés de trois Français, le P. Bruyas, jésuite, et MM. de Maricourt et Joncaire, qui devaient travailler à disposer les Cantons à une paix prochaine et sincère. Ces envoyés furent reçus à Onnontagué, avec de grandes démonstrations de joie. Du lac de Gannentaha, où l’on était venu à leur rencontre, on les conduisit, comme en triomphe, jusqu’à la principale bourgade du canton. Ils y entrèrent, au bruit de plusieurs décharges de mousqueterie, et furent régalés ensuite avec profusion.

Quelques jours après, ils furent introduits dans la cabane du conseil, où ils trouvèrent les députés de tous les cantons supérieurs. Le P. Bruyas, qui était chargé de porter la parole, commença un discours qui roula principalement sur trois points, qu’il appuya de trois colliers : par le premier, il exhortait les Iroquois à se souvenir qu’Ononthio était leur père, et que leur devoir et leur intérêt les engageaient également à lui demeurer obéissants, comme il convenait à des enfans, soit qu’ils fussent en bonne intelligence avec Corlar, qui n’était que leur frère, soit qu’ils eussent quelque chose