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pables de produire la plûpart des grains et des fruits de l’Europe. La variété presque infinie des arbres et des plantes qu’on y voyait croître était un garant sûr qu’il en devait être ainsi. D’ailleurs, tout sauvage et inculte qu’il se trouvait, le Canada n’était pas dépourvu de beautés naturelles : les environs de Stadaconé et d’Hochelaga (de Québec et de Montréal) parurent charmants à Jacques Cartier et à ses compagnons de voyage, et tous ceux qui vinrent après eux en portèrent le même jugement. Le climat était rigoureux en hiver, surtout dans la partie septentrionale : le changement du chaud au froid et du froid au chaud y était quelquefois subit ; mais l’air était salubre, quoique la maladie dont les gens de Cartier furent attaqués en dût donner d’abord une idée peu favorable. Le poisson abondait dans les lacs et les rivières, ainsi que dans les golfes et les baies, et le gibier dans les forêts. Ce pays avait encore l’avantage de n’être pas infesté de bêtes venimeuses ou féroces, le serpent à sonnettes étant le seul reptile dont la morsure fût dangereuse, et l’ours à peu près le seul quadrupède dont la rencontre pût être parfois redoutable.

Le Canada était habité par diverses nations ou tribus sauvages, différant peu entr’elles par le caractère, les mœurs et les usages : c’étaient, vers le nord, les Eskimaux, peuple faible, peu adonné aux armes, et ressemblant, à certains égards, aux Lapons et aux Groenlandais, déjà connus des Européens : le long de la mer, au sud du golfe de Saint-Laurent, les Souriquois ou Micmacs, les Cannibas, les Abénaquis. En remontant le fleuve, on trouvait d’abord les Montagnais, qui habitaient, ou fréquentaient principalement les bords de la