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CHAPITRE XXVII.


Courage d’une Demoiselle Canadienne. — Expédition contre les Agniers. — Incidens.


Il avait été défendu aux habitans de s’éloigner de leurs habitations, et ceux qui contrevenaient à cette défense avaient ordinairement lieu de s’en repentir. Les femmes ne pouvaient pas plus que les hommes s’éloigner, tant soit peu, des villes ou des forts, sans courir le risque d’être enlevées. Cette année, 1692, un parti nombreux d’Iroquois parut à la vue du fort de Verchères, tandis que tous les hommes étaient dehors, occupés, la plupart, aux travaux des champs. La fille du seigneur (Mademoiselle de Verchères), âgée au plus de quatorze ans, en était à deux cents pas. Au premier cri qu’elle entendit, elle courut pour y rentrer. Les Sauvages la poursuivirent, et l’un d’eux la joignit, comme elle mettait le pied sur la porte ; mais l’ayant saisie par un mouchoir qu’elle avait au cou, elle le détacha, et ferma la porte sur elle. Il ne se trouvait, dans le fort, qu’un jeune soldat et une troupe de femmes, qui, à la vue de leurs maris, que les Iroquois saisissaient et garottaient, poussaient des cris lamentables. La jeune demoiselle ne perdit ni le cœur ni le jugement ; elle ordonna aux femmes de cesser leurs lamentations, ôta