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dériver, quelques Canadiens allèrent le prendre, à la nage, et l’emportèrent, à la vue de toute la flotte, malgré le feu qu’elle faisait sur eux.

Le 18, à midi, on apperçut presque toutes les chaloupes, chargées de soldats, tourner du côté de la rivière Saint-Charles. Elles débarquèrent 1,500 hommes. M. de Frontenac détacha environ trois cents miliciens, pour les harceler. Un terrain marécageux, embarrassé de brossailles et entrecoupé de rochers, empêchait les Anglais de profiter de la supériorité de leur nombre. Les Canadiens voltigeaient de rocher en rocher, autour des Anglais, qui n’osaient se séparer. Cette manière de combattre déconcerta les assaillans, qui, à la fin, se retirèrent en désordre, après avoir eu environ cent cinquante hommes tués ou blessés. Les Français n’eurent que deux hommes de tués, mais l’un d’eux était le chevalier de Clermont, officier de mérite, et une douzaine de blessés, parmi lesquels était M. Juchereau, seigneur de Beauport, qui, quoiqu’âgé de plus de soixante ans, avait combattu bravement, à la tête de ses censitaires.

Le soir du même jour, les quatre plus gros vaisseaux vinrent mouiller devant la ville. Ils firent un grand feu, et on leur répondit de même. M. de Sainte-Hélène pointa tous les canons, et aucun de ses coups ne porta à faux. Vers huit heures, le feu cessa, de part et d’autre. Le lendemain, la ville recommença, la première. Au bout de quelque temps, le contre-amiral s’éloigna, et l’amiral le suivit, bientôt après, avec précipitation. Il y avait plus de vingt boulets dans le corps du bâtiment : il était percé à eau, en plusieurs endroits ; toutes ses manœuvres étaient coupées, et un grand nombre de