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vages et les cruautés exercés par les Français et les Sauvages contre les peuples soumis à leurs majestés britanniques (Guillaume et Marie), avaient obligé leurs dites majestés d’armer pour s’emparer du Canada, afin de pourvoir à la sûreté des provinces de leur obéissance. » Le reste était couché dans un stile[sic] si arrogant, et contenait des choses qui paraissaient si hors de propos, que M. de Frontenac, et ceux qui étaient auprès de lui eurent peine à se contenir, en l’écoutant. Quand la lecture fut achevée, le trompette tira de sa poche une montre, la présenta au gouverneur, et lui dit qu’il était 10 heures, et qu’il ne pouvait attendre que jusqu’à 11. « Alors, dit Charlevoix, il y eut un cri général d’indignation, et M. de Valrennes s’écria qu’il fallait traiter cet insolent comme l’envoyé d’un corsaire, d’autant plus que Phipps était armé contre son souverain légitime[1], et s’était comporté, au Port-Royal, en vrai pirate, ayant violé le capitulation, et retenu prisonnier M. de Manneval, contre sa parole et le droit de gens. »

M. de Frontenac répondit, à l’instant, sur le ton que Phipps avait pris, et en récriminant. Le trompette ayant demandé cette réponse par écrit, le gouverneur lui dit qu’il allait répondre à son maître par la bouche de son canon.

Le trompette fut reconduit, les yeux bandés, jusqu’à l’endroit où on l’avait été prendre ; et à peine fut-il arrivé aux vaisseaux, qu’on se mit à tirer d’une des batteries de la basse ville. Le premier coup de canon abattit le pavillon de l’amiral, et la marée l’ayant fait

  1. Louis XIV n’avait pas encore reconnu Guillaume et Marie comme roi et reine d’Angleterre.