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bèrent dans une ambuscade, et essuyèrent d’abord un feu meurtrier, les Iroquois, qu’ils ne voyaient point, les choisissant, et tirant sur eux à coups sûrs. Aussi ne resta-t-il, après la première décharge, dans le canot de la Gemeraye, qui avait voulu aborder le premier, que deux hommes, qui ne fussent pas blessés.

M. de Louvigny se désespérait de voir ainsi massacrer ses gens, sans pouvoir les secourir, car Perrot, à qui il avait ordre d’obéir pendant la route, ne voulait point lui permettre d’avancer, de peur de risquer les présens dont il était porteur, et avec eux, le succès de la négociation dont il était chargé. À la fin, pourtant, il se laissa gagner aux instances de cet officier et de M. d’Hosta. Aussitôt, l’un et l’autre se mirent à la tête d’une soixantaine d’hommes, et coururent sur l’ennemi : la charge fut si brusque et faite si à propos, qu’il y eut une trentaine d’Iroquois de tués, plusieurs de blessés, et quelques uns de pris. Un des prisonniers fut envoyé au comte de Frontenac, qui le remit à Oureouharé ; un autre fut mené à Michillimakinac, et livré aux Outaouais, qui le brulèrent, pour faire voir au nouveau commandant qu’ils ne songeaient plus à s’accommoder avec les Iroquois. Ils allaient faire partir leurs députés pour mettre la dernière main à un traité irrévocable avec cette nation ; mais ils changèrent de résolution, lorsqu’ils virent arriver les Français victorieux de tous leurs ennemis, (car on ne manqua pas de leur parler d’abord des expéditions dans la Nouvelle York, et la Nouvelle Angleterre), chargés de marchandises, et en assez grand nombre pour les rassurer eux-mêmes contre tout ce que pourraient entreprendre les Iroquois, et