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fonte des neiges, un parti d’Iroquois devait se mettre en campagne ; mais que s’il faisait des prisonniers, on aurait soin qu’ils fussent bien traités. « Usez-en de même, continua-t-il, si vous prenez quelques-uns des nôtres. J’avais huit prisonniers de la défaite de la Chine ; j’en ai mangé quatre ; j’ai donné la vie aux autres. Vous avez été plus cruels que moi : car vous avez fusillé douze Tsonnonthouans : vous auriez bien dû en épargner au moins un ou deux ; c’est par représailles que j’ai mangé quatre des vôtres. »

M. de Callières envoya les députés iroquois au comte de Frontenac ; mais ce général refusa de leur donner audience, par la raison qu’ils avaient à leur tête un homme dont l’insolence l’avait choqué. Il reçut pourtant assez bien ceux de sa suite ; mais il ne voulut traiter avec eux que par l’entremise d’Oureouharé, qui parut même toujours agir en son propre nom.

Le gouverneur général fit partir le chevalier d’Eau, capitaine réformé, avec les députés iroquois. Il jugeait à propos d’envoyer cet officier à Onnontagué, pour tâcher de gagner ce canton, en lui témoignant une confiance particulière, et pour être mieux instruit de ce qui s’y passait. Il savait qu’il pouvait compter sur Garakonthié et sur Teganissorens, amis déclarés des Français ; mais les négociations entre les Outaouais et les Iroquois, dont Gagniegaton avait parlé au gouverneur de Montréal, lui paraissaient un contre-temps fâcheux, dans les circonstances où se trouvait la colonie ; d’autant plus que c’étaient ces circonstances mêmes qui avaient amené ces négociations, et qu’elles pouvaient être d’un dangereux exemple pour les autres alliés des Français. Le peu de fruit que M. de De-